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Introduction à John Kenneth Galbraith, S. Laguérodie

Coll. Repères, Ed.La Découverte, Octobre 2011

Dès ses années de formation, dans les années 1930, Galbraith va critiquer la théorie néoclassique dominante ; il s’écarte de la vision de marchés concurrentiels s’autorégulant pour se rallier à celle d’une concurrence le plus souvent imparfaite, empêchant les mécanismes du marché de s’exercer et justifiant une intervention publique correctrice.

Le contexte de crise de ces années l’amène aussi à adhérer à l’essentiel des thèses keynésiennes (tout en se démarquant du « keynésianisme de la synthèse » alors en voie de constitution). Il affirme que les prix, et donc que le partage des revenus, sont déterminés bien plus par l’affrontement des pouvoirs possédés par les différents groupes économiques et sociaux que par la concurrence. Il donne une interprétation « keynésienne » de la Grande Dépression à laquelle il est confronté et apporte son soutien aux mesures prises dans le cadre du New Deal.

Puis vient sa « trilogie » (La société d’abondance ; Le Nouvel Etat industriel ; La Science économique et l’intérêt général). Dans le 1er livre, il critique la thèse de la souveraineté du consommateur et lui substitue celle de la « filière inversée » (dans laquelle ce sont les producteurs qui influencent le niveau et la composition de la consommation) ; dans le 2ème, il analyse la place dominante de la grande entreprise dans la sphère productive et les mécanismes par lesquels elle assure à la fois ses intérêts et la régulation macroéconomique ; et dans le 3ème, il pointe le caractère dual des systèmes productifs des pays développés, avec des grandes entreprises mais aussi des petites et des moyennes qui, elles, sont pleinement soumises aux lois de la concurrence, contrairement aux premières.

Il indique aussi les conséquences, en particulier en matière d’inégalités salariales, de ce dualisme.

Enfin, l’éclectisme de Galbraith l’a conduit à s’intéresser également à la question du développement et, surtout, aux crises financières et à leur récurrence.

Un ouvrage qui donne envie de relire Galbraith en en montrant l’actualité des thèmes abordés et la pertinence de certaines de ses idées.