Coll. Laboratoire des sciences sociales, Éd. La Découverte, 174p., Février 2013

Dans l’avant-propos, l’auteur précise ses intentions : « mettre au jour la fabrication sociale des individus », défendre une « sociologie à l’échelle des individus » qui « répond…à la nécessité historique de penser les faits sociaux dans une société qui sacralise l’individu pour mieux le rendre responsables de tous ses malheurs ».

Il montre d’abord le flou et les contradictions des « discours savants ou demi-savants » sur la montée de l’individualisme et s’emploie à remettre en cause la thèse d’un homme libre et autonome (il serait plutôt, pour l’auteur, « multisocialisé » et « multidéterminé »).

Puis, il explique pourquoi l’individu a longtemps été exclu des sciences sociales et comment il est possible d’en faire un « véritable objet sociologique » dans la mesure où il est « un être en permanence socialisé ».

Ensuite, il décrit le processus de « fabrication sociale des individus », c’est-à-dire les cadres, les modalités, les temps et les effets de la socialisation à l’œuvre.

Le chapitre suivant examine les apports des neurosciences et de la psychologie cognitive à la connaissance des processus par lesquels le cerveau des individus perçoit et assimile les éléments, parfois contradictoires, diffusés par la socialisation.

En conclusion, l’auteur indique les conséquences pratiques (ou politiques) que l’on peut tirer d’une sociologie « dispositionnaliste et multidéterministe de la socialisation des individus » qu’il revendique. Il marque aussi ses distances avec les différents courants sociologiques qui proclament la montée de l’individualisme, le déclin des institutions, l’affaiblissement des collectifs. B. Lahire réaffirme ainsi à la fois sa filiation bourdieusienne et les correctifs (parfois importants) qu’il entend apporter à la sociologie de Bourdieu.

Ouvrage profond, parfois ardu mais qui mérite une lecture attentive par les enseignants de SES et ceux qui se préparent à le devenir.