Éd. La Découverte, 324p., Février 2013

Le sous-titre du livre annonce la couleur : « l’injonction au bonheur sécuritaire ». L’auteur cherche à repérer, dans notre société aujourd’hui, les signes d’une mise en place d’un « ordre sécuritaire ». Cet ordre reposerait sur une implication permanente des individus, sommés de devenir des « auxiliaires » de cet ordre sécuritaire, et sur l’enchevêtrement de multiples mécanismes et institutions de contrôle, d’autant plus efficaces qu’ils peuvent désormais s’appuyer sur des technologies de pointe.

Nos sociétés auraient, insidieusement, opéré une « inversion de la charge de la preuve » en passant d’un régime de « présomption d’innocence » à un régime de « présomption de culpabilité ». Deux mécanismes permettant ce tour de passepasse : « la discipline de la peur » (peur qu’il faut alors attiser voire créer) et « la distorsion du langage » (caractérisée, par exemple, par un usage biaisé des mots et des discours).

L’auteur pointe aussi l’incitation à la transparence, à tout dévoiler de sa vie, toujours justifiée par les impératifs de sécurité.

Pour parachever ce noir tableau, l’auteur montre que l’on a assisté au « triomphe de l’éthique aux dépens du droit » et que les prétendus « contre-pouvoirs » mis en place (CNIL, Commission nationale du débat public, Comités d’éthique divers) participent en réalité d’une « stratégie de l’enfumage ».

En conclusion, l’auteur suggère un certain nombre de pistes pour « détraquer la machine », c’est-à-dire pour résister à cette domination insidieuse qui installe un totalitarisme invisible mais non moins effectif.

Le lecteur sort accablé d’un tel réquisitoire, lequel recèle certainement beaucoup de vrai (ce qui accroît l’accablement !).

Ouvrage certainement utile au citoyen et, peut-être, utilisable en ECJS.