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L’étrange histoire de l’amour heureux

JC.Kaufmann.

Ed. Armand Colin. Sept. 09.

L’auteur poursuit son investigation des « petites choses » de la vie quotidienne, en particulier ici de celles qui concernent les couples. Son point de départ est une interrogation sur « la fabrique sociale du sentiment », et spécialement de l’amour ; et l’auteur de pointer immédiatement les difficultés que soulève l’analyse sociologique d’un « phénomène » que l’on étiquette volontiers comme « individuel » et « psychologique ».  Il ajoute que « le désir d’amour est immense » dans nos sociétés qui ont tendance à cultiver l’égoisme et le cynisme. Mais il l’annonce d’emblée, «  il ne suffit pas de désirer » !  Après avoir mis en scène deux figures opposées de l’amour, il en fait entrer une  troisième, très différente, sorte d’incarnation de l’anti-amour, qui, selon lui, a progressivement occupé le « rôle principal », signant ainsi la défaite (provisoire ?) de l’amour et le triomphe du « froid calcul et de la concurrence égoiste ».  La situation actuelle est donc « dramatique et merveilleuse » : dramatique parce que « le modèle de l’individu calculateur est devenu si puissant qu’il gangrène même l’univers privé « (y compris, par exemple, le choix du partenaire conjugal), merveilleuse « à cause de l’obligation au bonheur paradoxalement créée par les malheurs du monde » et par la diffusion très large de l’aspiration à « l’amour heureux ».  Lequel de ces deux aspects l’emportera-t-il sur l’autre ? (en chacun de nous et globalement). L’auteur évidemment ne se prononce pas et laisse finalement le lecteur sur une note plutôt optimiste. Comme d’habitude chez JC.Kaufmann, le lecteur se laissera emporter par cette sociologie « de proximité » et bienveillante qui garde toujours sa rigueur « scientifique ». A lire absolument.