Ce travail de recherches et de rencontres est fondé sur la conviction que la Mémoire du plus grand génocide de l’Histoire ne peut constituer un simple « enseignement », ni même un « devoir », pour reprendre l’expression moderne. Ce doit être avant tout une connaissance et une compréhension, les plus intimes possibles, de ce que fut en Europe il y a moins d’un siècle, l’assassinat d’un peuple entier.
Le voyage d’étude à Auschwitz proposé à tous les élèves de 3ème n’est cependant pas la fin du projet : chaque année, les élèves doivent se faire à leur tour passeurs de mémoire, pour comprendre, informer, transmettre, expliquer. Pour rendre hommage aussi. Pour ce faire, nous avons choisi d’initier un travail qui sera de longue haleine, en partant sur les traces des 42 enfants assassinés par la barbarie nazie et dont le nom figure sur la plaque commémorative de notre collège.
Patiemment, pas à pas, les élèves s’approprient les sources historiques trouvées dans les différents sites d’archives disponibles en région parisienne : ils se rendent aux Archives de la ville de Paris et travaillent sur les sources proposées par le Mémorial de la Shoah, le CERCIL, les archives du Ministère de la Défense de Caen, les archives de la préfecture de police de la Seine.
Et reconstituant l’histoire locale, précise, de chacun de ces enfants, ils rendent un hommage posthume à ces 42 jeunes vies volées, qui furent celles d’élèves de leur quartier, de leur collège, et qui moururent bien souvent plus jeunes qu’eux. Reconstituant ces histoires intimes aussi, à la lumière de leur voyage d’étude et de leurs connaissances, les 3èmes découvrent à quel point « la distinction entre nos histoires de familles et ce qu’on voulait appeler l’Histoire, avec sa pompeuse majuscule, n’a aucun sens »* : les histoires de ces quarante-deux enfants assassinés sont l’Histoire de la Shoah.
Le but de ce travail est que ces histoires particulières leur permettent d’appréhender intimement et de s’approprier une des plus sombres pages de notre Histoire collective, pour leur permettre, aussi, d’éclairer leur avenir.
* : Ivan Jablonka, Histoire des grands-parents que je n’ai pas eus, Point, 2013
Ci-dessous, quelques textes, rédigés par les élèves, retraçant le parcours des enfants :