PROMOTION ARLETTE FARGE (2017-2018)

PROMOTION ARLETTE FARGE (2017-2018)

 

 

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Cette année-là …

Cette année-là, nous avons eu la chance d’avoir pour marraine l’historienne Arlette Farge : son travail sur les archives du XVIIIe siècle nous a menés à nous intéresser aux enjeux de conservation. Dans cet axe, un doctorant en philologie est venu nous présenter ses recherches, et nous passé une journée avec des conservateurs de la BNF qui nous ont expliqué l’histoire des manuscrits et les méthodes qu’ils nécessitent… Nous avons vu « en vrai », entre les mains d’une conservatrice, des lettres écrites par Albert Camus !

La diversité de ces rencontres nous a permis d’élargir nos possibilités d’orientation tout en nous faisant découvrir d’autres disciplines littéraires que celles étudiées auparavant. Cette ouverture culturelle fut accompagnée d’une ouverture de notre horizon au sens propre. Le mythe de l’hypokhâgneux nous veut penchés derrière nos livres, ce qui ne fut pas « entièrement» notre cas. Nous avons arpenté Paris sous un angle historique grâce aux explications de nos professeurs, et aux exposés qu’ils nous avaient demandé de préparer. Nous avons assisté à des représentations à la Comédie Française ; les optionnaires de Théâtre ont aussi eu la chance de découvrir d’autres salles, comme l’Odéon ou le Théâtre de la Ville.

Ces expériences alliées à un apprentissage exigeant, dans lequel nous accompagnaient, comme tuteurs, les étudiants de l’ENS, ont fait de cette année d’hypokhâgne une année riche et complète !

Nous nous souvenons ...

Je me souviens des débats littéraires animant le foyer alors que nous étions à peine éveillés, des applaudissements de nos camarades d’option-géo venus nous soutenir lors de notre représentation de théâtre, de Monsieur Scolan (professeur de Grec) qui, emporté dans son discours sur les guerres antiques, a sauté sur une table qui s’est renversée. Je me souviens de la musique que nous écoutions dans le bus qui nous ramenait du Havre, de mon ami Gabriel qui a trouvé drôle de signer le registre du foyer du nom de « Archange », et du fait que nous tenions à déplacer toutes les tables et les chaises d’un café parisien afin de pouvoir être tous ensemble.

Je me souviens des cafés que nous allions boire à la boulangerie. Je me souviens de madame Fontana et de ses blagues. Je me souviens de mes camarades, et de nos moments de rire. Je me souviens du foyer. Je me souviens des photos que nous avions affichées dans la salle comme plaisanterie. Je me souviens des journées passées à la bibliothèque à s’entraider. Je me souviens de mes progrès, qui n’ont jamais été aussi fulgurants. Je me souviens des khôlles.

Je me souviens de mon exposé en géographie. Je me souviens de tellement de choses … car la prépa ça marque.

 

Je me souviens… de cet exercice que nous devions faire au Havre à la bibliothèque Oscar Niemeyer : il fallait rédiger un texte du format que l’on souhaitait, en quelques minutes, à partir d’un mot, d’une image, d’un bâtiment découverts pendant le voyage d’intégration au Havre :

C'était un monde si débordant,

Enivrant de tant d'abondance.

Déjà aux prises de ce carcan

Et en route vers la décadence.

C'est un monde rond et brisé

Où les océans sont carmins.

Un terrible espace éreinté

D'où l'on ne voit aucun demain.

Ce sera un monde tout gris

Ou une histoire d'abrutis,

Un terrain de jeu abasourdi

Ou une farce, une frénésie.

Je voudrais d'un autre monde :

D’« Un monde rafistolé avec l'imagination des pauvres. »

 

Je me souviens… de mille fous rires que j'ai eus avec Emma et d’autres durant cette année, ainsi que pendant les cours ! Je me souviens… de la fatigue sur les DM de géographie de M. Rocco et de toutes les sorties sur le terrain qu’on a faites avec lui en spécialité géographie : Mais la prépa c’est aussi épuisant que drôle à en pleurer… On se souvient de cette fois où Mme Fontana-Viala nous a dit en début d’année « Bon il faut vous y attendre, vous allez grossir, avoir des boutons… ». Bouffies et épuisées non ? Et je me souviens d’eux tous… on était trop rigolos et trop sympathiques, n’est-ce pas ? Bon vous l’aurez compris, la prépa c’est épuisant mais c’est surtout riche de nombreuses choses ! Alors foncez à Lamartine pour vous y épanouir :-)

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La vie après l'hypokhâgne

 

Hugo Schaeffer

L’hypokhâgne au Lycée Lamartine a été, sans aucun doute, ma plus belle année d’étude dans le supérieur. Outre l’ambiance conviviale et chaleureuse qui y règne, c’est aussi le lieu d’une véritable ouverture, tant humaine qu’intellectuelle. Avoir accès, à portée de main, à de telles connaissances et à un tel corps professoral est une chance inestimable.

Là où les autres classes préparatoires sont connues pour leur esprit compétitif et délétère, le lycée Lamartine, et c’est là tout l’intérêt des hypokhâgnes orphelines, offre le même niveau d’exigence et d’excellence, tout en garantissant une atmosphère d’entraide et de bienveillance. Mais cela n’est pas dû au hasard. Dans ce lycée, les étudiants de prépa sont en possession d’un local, dont ils sont pleinement responsables. Un étage entier leur est consacré, et la salle de cours reste la même. Tout est fait pour que les étudiants se rassemblent et se sentent en confiance, dans un lieu calme, agréable, et propice à l’excellence. Tout cela est d’ailleurs largement renforcé par les multiples activités extra-scolaires que propose le corps professoral. Voyages scolaires, sorties culturelles, invités de marque, tout est fait pour aiguiller les étudiants vers la réussite.

En somme, l’hypokhâgne au lycée Lamartine représente une chance d’atteindre l’excellence requise chez un étudiant de prépa, tout en s’épanouissant intellectuellement et humainement, dans les conditions les plus agréables possible. C’est d’ailleurs cette dimension profondément humaine qui permet au Lycée Lamartine de se détacher du reste des prépas de Paris.

 

Fort de cette première année, j’ai pu faire une khâgne au lycée Fénelon. C’est là, d’ailleurs, encore un gros avantage de l’hypokhâgne orpheline : il est possible d’y atteindre un niveau encore in-envisageable à la sortie du Lycée. Propulsé par l’enseignement qui y est fourni, l’on peut envisager une khâgne dans des prépas « réputées », parfois hors de portée après le bac.

Mais quand bien même on se verrait contraint de quitter le Lycée Lamartine, le corps professoral oeuvre toujours à notre réussite. Aide en lettre classique, soutien psychologique, soutien même administratif (face aux complications que peut représenter l’inscription en Khâgne). En somme, et c’est là le point essentiel : l’hypokhâgne au Lycée Lamartine brille par sa structure restreinte. Anciens étudiants, professeurs, et nouveaux étudiants forment une communauté d’entraide, utile non seulement en prépa, mais aussi pour le reste de son parcours scolaire.

Après une année de Khâgne très agréable, j’ai décidé de me ré-orienter en droit-philosophie. Outre le fait qu’une année en classe préparatoire illumine bien souvent un dossier, c’est aussi l’occasion d’acquérir une solide méthode de travail, une capacité à formuler sa pensée et d’articuler ses arguments qui, surtout en droit, s’avère être très profitable. Loin de cloisonner un étudiant, la classe préparatoire ouvre des portes.

 

En somme, au risque de me répéter, je souhaite à chaque étudiant qui en a la possibilité et la capacité de rentrer dans cette fabuleuse aventure qu’est la classe préparatoire, pour accéder cette richesse intellectuelle et humaine qui n’a pas d’équivalent en France. Et, par-dessus tout, je souhaite à chaque étudiant qui en a la chance d’initier cette aventure au Lycée Lamartine, où —pour en avoir parlé avec d’autres, et pour l’avoir vécu — cette richesse intellectuelle est combinée à un bien-être et à une entraide sans équivalent.

 

Apolline Roux :

Cher tous, cher toi qui lis ce petit portrait, je m’appelle Apolline, j’ai 22 ans, et j’ai fait une hypokhâgne à Lamartine. A grands traits et pour une rapide présentation générale de mon parcours, je suis en master 1 de philosophie à Sorbonne Université ; moi qui voulais six ans plutôt faire un bac pro photographie et ne jamais, jamais faire d’études supérieures et encore moins écrire un mémoire… Quelle belle déroute !

Bref, après un baccalauréat littéraire j’ai intégré Lamartine. L’année d’hypokhâgne est une étape que je souhaite à tous ceux qui ne savent pas vraiment quoi faire mais qui aiment malgré tout apprendre et découvrir de nouvelles choses, comme moi - car la CPGE est pluridisciplinaire. J’ai donc pu poursuivre et approfondir ce que j’aimais, la philosophie et la littérature, et je ne regrette absolument pas. Les professeurs, leur exigence et leur passion de l’enseignement et du savoir m’ont élevée et permis de continuer en khâgne, puis en licence de philosophie et enfin en master. J’ai passé le concours de l’ENS mais je n’en voulais pas ; il ne faut pas nécessairement avoir envie d’être professeur, chercheur ou diplômé de l’ENS pour intégrer une prépa littéraire, votre envie et votre goût pour la connaissance suffisent ! Ce que vous apprendrez vous servira pour la vie : vous y découvrirez la pertinence et la rigueur intellectuelle, la maîtrise de la langue et y développerez une approche particulière du monde et des écrits, et donc nécessairement des êtres humains, qui ne vous abandonnera pas, une perspicacité qui vous sera utile partout. La CPGE est tout de même un parcours difficile parfois même rébarbatif - on se souvient des quatre heures d’histoire le samedi matin ! Mais quelle joie quand on arrive à son terme, et quel plaisir de maîtriser des savoirs, de pouvoir discuter avec intelligence et d’avoir accru son désir de connaître toujours plus, toujours mieux. Il vous arrivera d’avoir de mauvaises notes, de très mauvaises… votre marge de progression est alors énorme ! Ne lâchez pas parce que vous n’avez pas la même note que Tristan en histoire, ou Emma en latin. Avancez parce que vous aimez étudier ce sur quoi les professeurs vous font travailler. Pour l’anecdote, premier contrôle d’anglais de l’année, une semaine plus tard, les résultats tombent : j’ai eu -35, et ce n'est pas une blague. C’était plus drôle qu’autre chose, et aujourd’hui, je suis très satisfaite et contente de mon parcours et ce sans aucune vergogne même avec un -35 à mon actif. Il suffirait presque finalement d’être enthousiaste pour réussir. Les professeurs de Lamartine sont d’ailleurs très bienveillants et ne cherchent pas à « casser » les élèves, seulement à les élever et ils observent chacun d’entre nous en fonction de nous-même et non en fonction des autres : montrer que l’on a envie de progresser, d’apprendre est, à mon sens, essentiel pour faire une belle année de prépa et ce avant même d’être un très bon élève, je ne l’étais pas et pourtant j’y ai réussi, à ma manière. Lamartine, parce qu’elle est orpheline, aucune khâgne ne lui fait sa suite directe, permet d’entretenir une ambiance très douce, accueillante et favorable à une jolie progression individuelle ! Et je la recommande, empiriquement certes, mais sans aucune hésitation.

 

Enora Abry :

L’hypokhâgne est une année exigeante car elle nous oblige à nous ouvrir autant qu’à approfondir, sans oublier de synthétiser. Ces mouvements qui peuvent paraître contraires sont en réalité la base de tout enseignement supérieur et ne sont pas négligeables pour ceux qui « bons élèves » ont basé leur scolarité sur une prose quelque peu convaincante et quelques références audacieuses. L’hypokhâgne nous met face à l’insuffisance de nos connaissances et à la faiblesse de nos soi-disant « points forts ». Cette année remet tout en question, et dans un seul but, nous élever. Une fois les premiers échecs dépassés, elle aiguise notre propre exigence et notre curiosité, ce qui nous sera utile tout le long de notre vie et ce qui m’a été utile dans mon propre parcours. J’ai fait une khâgne en spécialisation théâtre au Lycée Joliot Curie, et suis actuellement en Licence de Lettres mineur Anglais à la Sorbonne Nouvelle que je termine par un Erasmus au Trinity College de Dublin. Malgré le fait qu’une simple année de L1 m’aurait certainement permis d’accomplir le même parcours, je reste persuadée que l’hypokhâgne m’a été bénéfique en me donnant le goût de la rigueur tout cela dans ce microcosme chaleureux que représente la salle 301 de Lamartine.

 

Lulma Guit :

Bonjour !

Je m'appelle Lulma Guit et j'ai fait une hypokhâgne en 2017-2018 au Lycée Lamartine. Je m'étais dirigée vers une hypokhâgne après un baccalauréat littéraire option histoire des arts au Lycée Hélène Boucher (qui a une excellente filière littéraire par ailleurs). J'étais passionnée par ce que je faisais, par la littérature et les arts en général et je voulais continuer dans cette voie là, une voie pluridisciplinaire dans le domaine des lettres. En plus, j'étais dans cette filière littéraire assez exigeante et on nous dirigeait vers les classes préparatoires. Je voulais aller au Lycée Lamartine car cette hypokhâgne contient une spécialité théâtre, art que je pratiquais depuis que je suis petite. J'ai eu la chance d'être retenue et je me suis donc lancée en prépa littéraire.

Je me rappelle la pré-rentrée, enfin le jour où je devais aller chercher les papiers administratifs. C'était l'été, il faisait chaud, j'étais avec mes frères et des amis à eux qui m'ont accompagnés jusqu'au lycée Lamartine. Je suis rentrée toute seule dans l'établissement en vêtements d'été. J'ai été accueillie dans le bureau du Proviseur, alors que je pensais seulement retirer des papiers administratifs, qui m'a fait asseoir et qui m'a parlé de la prépa et de l'exigence qui allait être de mise. Je suis ressortie de ce bureau paniquée, en larmes. Comme si je ne savais vraiment pas dans quoi je m'aventurais.

Et je n'ai pas été surprise, mon année en prépa a en effet été très exigeante. Beaucoup de travail, des heures passées à la BPI, à la médiathèque Françoise Sagan ou à mon bureau. Des heures à lire des cours, à faire des fiches, à lire des livres. Si cette année n'a pas été que facile, elle a été aussi riche en découvertes intellectuelles et en découvertes amicales, j'y ai rencontré mes meilleur.es ami.es, qui sont encore mes meilleur.es ami.es (je vis en colocation aujourd'hui avec l'une d'elles!) comme nous l'avait prédit Mr.Rimboud, notre professeur d'Histoire le jour de la pré-rentrée « regardez autour de vous, dans cette salle, se trouveront vos amis pour la vie. La semaine dernière encore, j'étais au mariage d'une de mes amies de prépa ». Ce jour-là, je ne l'ai pas cru, comment en même temps dans une salle remplie d'inconnu.es ? L'année de prépa m'a fait découvrir la philosophie, matière très rigoureuse mais qui en même temps, ouvre des fenêtres intellectuelles sans précédent. C'est pour cela que j'ai décidé à la fin de mon hypokhâgne de faire une équivalence à l'université, à la Sorbonne, en philosophie où j'ai fini ma licence de philosophie. J'ai parallèlement à l'université effectué deux années d'art dramatique au conservatoire du 7ème.

Je suis aujourd'hui en M1 des Métiers d'écriture et de création littéraire à l'université de Cergy. J'écris et je souhaite écrire. Je pense que l'hypokhâgne a participé à ce désir d'écrire, même inconsciemment !

Comme vous avez pu vous en apercevoir, je n'ai pas eu un parcours traditionnel suite à la prépa, mais c'est un parcours parmi beaucoup !

 

Anna Gianforcaro :

J’ai choisi pour premier choix au sortir du lycée Voltaire l'hypokhâgne de Lamartine, car j’ai eu la chance de me rendre à ses portes ouvertes. J’y ai senti une bienveillance que je n’ai sentie nulle part ailleurs. Là-bas j’ai appris à réfléchir. Cela semble absurde, pourtant je ne pense plus pareil depuis l'hypokhâgne. Je crois que j’y ai saisi des clefs de compréhension du monde, qui m'accompagnent aujourd’hui en permanence.

J’avais choisi ce cursus pluridisciplinaire car je ne savais pas encore précisément ce que je voulais faire comme profession. C’est en hypokhâgne à Lamartine que j’ai eu le courage d’assumer que je voulais être comédienne. Cependant, l’outil intellectuel que m’a offert l'hypokhâgne m’a convaincue, ainsi que les conseils de mes professeurs, de faire une khâgne spécialité théâtre. Au sortir de cette année j’ai intégré le conservatoire de théâtre d’Argenteuil et une L3 de philosophie à la Sorbonne Université. Enfin, je suis cette année en première année de Master de philosophie politique et éthique, au conservatoire du septième arrondissement de Paris, je monte une compagnie de théâtre avec des amis dont une rencontrée en hypokhâgne, et réalise de petits courts métrages.

Je crois très sincèrement que si je parviens aujourd’hui à monter tout ces projet c’est aussi grâce à l’expérience de Lamartine tant intellectuelle que sociale. Lamartine m’a fait grandir comme aucun autre endroit.