Le projet d'établissement

Préambule 

La dynamique de projet consiste à donner un sens à nos actions quotidiennes et à créer une visibilité sur la transversalité, la complémentarité et la cohérence des objectifs portés par ces mêmes actions. 

C’est donc un travail de construction collective que ce document présente.

Je profite de cette occasion pour remercier les équipes pour le travail accompli.

C’est un travail de réflexion et d’élaboration qui tient non seulement compte de la spécificité de notre collège mais qui a pour souci de répondre aux enjeux de la société de demain.

Tout naturellement, le premier axe s’intéresse à la mission initiale de l’école, à savoir, la réussite pour tous les élèves. Mais qu’est-ce que réussir ?

Si l’on sent tient aux exigences de l’institution, réussir c’est obtenir des évaluations positives, de bonnes notes, réussir les examens, obtenir des diplômes, se former aux métiers « porteurs » et avoir un comportement adapté socialement. On sait que cela est essentiel, évidemment. Mais la complexité de la société dans laquelle nous vivons nous fait pressentir que notre ambition ne peut s’astreindre à cela. Notamment parce que d’autres modèles de réussite nous font parfois une concurrence déloyale.

Améliorer les performances qui se traduisent par les résultats de nos élèves (Réussite au DNB, affectations…), certes. Les indicateurs du collège le démontrent. Mais la partie la plus visible de l’iceberg ne doit pas éclipser ce travail plus souterrain, plus laborieux et moins spectaculaire qui consiste à faire réussir aussi bien à l’école ceux qui, à la maison, au foyer ou à l’hôtel social, sont dans les moins bonnes conditions. 

Ne laisser aucun élève au bord de la route !

En ayant réduit l’écart de réussite entre l’ensemble du collège et les élèves les plus défavorisés de 8,6 à 1,9 depuis 2017, tout en améliorant les performances globales, nous faisons la démonstration que nous y travaillons avec efficacité !

Mais là encore. Est-ce suffisant ?

Confrontés plus durement encore, après des mois de pandémie, à la réalité sociale, culturelle et psychologique et affective de certains de nos élèves, on comprend que l’accompagnement se doit d’être plus étoffé et qu’il demande des ressources spécifiques et du travail d’équipe. Plus que jamais nous avons également besoin d’engagement et de responsabilité.

Ce premier axe concerne donc tous et chacun. 

Et c’est en partageant ces indicateurs, en les explicitant aux équipes et aux parents, parfois, mais également en interrogeant nos modes de communication, d’organisation, la fluidification de nos process, la qualité de nos contenus de cours et la pérennisation d’un climat scolaire serein que nous y parviendrons.

Pour cela, il nous a semblé que l’année de sixième, année de fondation de ce « socle commun de connaissances » mais aussi d’apprentissage d’un plus grande autonomie était déterminante souvent des trois années qui suivent. En conséquence, les efforts des équipes porteront particulièrement sur ce niveau. Un soin particulier sera apporté à la composition des classes facilitées grâce aux rencontres avec les professeur-es des écoles élémentaires, à une intégration en classe étalées sur 3 demi-journées, à des observations en classe par des professeurs-ressources et à des réunions d’équipes pluridisciplinaires pour les remédiations, à partir, entre autres, des évaluations nationales.

De même, l’année de troisième, années des choix des élèves, de pleins pieds désormais dans l’adolescence, est déterminante pour les « années-lycées ». C’est pourquoi, un soin particulier sera apporté également à l’accompagnement vers une « Orientation raisonnée et choisie » Il s’agit de mobiliser, au plus tôt, les familles et les élèves sur un projet d’orientation et de les accompagner dans l’exploitation de tous les outils (site « Parcours Avenir » du collège, par exemple) et de tous les dispositifs (JPO, mini-stages, Passpro, entretiens avec PSY-EN…) qui favoriseront la découverte et le choix dans l’adhésion. De l’abibac, au CAP métallerie, d’une seconde à Louis le grand, à un baccalauréat professionnel en esthétique, chaque élève, grâce à l’offre de formation parisienne, doit quitter le collège plein de curiosité et d’espérance.

Pour autant, inscrire notre travail dans la chronologie des cycles et dans la préoccupation des acquis scolaires n’empêche pas d’accompagner nos élèves sur des savoirs et des savoirs faire qui excèdent le contenu du socle Nous formons aussi des personnes avec des goûts et des aptitudes de même que des citoyens avec des droits et des devoirs C’est pourquoi, l’axe 2 de notre projet met l’accent sur tous les apports artistiques et culturels (Voyages, séjours, classes à PAC, chorale, projet »olympisme)…), les pratiques de langues (Bilangues allemand dès la 6ème, module euro en 4ème et 3ème, clubs sur la pause méridienne animés par les assistantes) et l’ouverture à l’Europe, la sensibilisation aux pratiques de développement durable (club « couture recup’ » sur la pause méridienne). Le collège est, depuis, 2017 labellisé éco-responsable. Cela créera un cadre motivant pour nos jeunes élèves, très mobilisés sur les questions d’écologie Futurs citoyens, il nous faudra également, accompagner nos élèves dans la connaissance et l’usage de leurs droits et devoirs, afin qu’ils puissent exercer leur liberté en conscience. La question de l’engagement, de l’expérience du dialogue et de la démocratie doit se faire, par étapes, tout le long de ces 4 années.

Un Conseil de Vie collégienne créatif et opérationnel constituera la base de ce travail en favorisant l’expression d’idées, la pratiques d’échanges langagiers qui confrontent chaque élève à son ressenti au travers des arbitrages et des explications des camarades, des Conseillers Principaux d’Education et des assistants d’éducation.

Cet accompagnement s’exercera également dans le domaine des pratiques numériques. Le collège labélisé « numérique » offre à chaque élève, à partir de la 5ème, une tablette. L’expérience des confinements a démontré l’utilité de cet outil (dont l’usage est encadré par une charte) qui a permis de tenir « au travail » des élèves, à distance. Grâce à des équipes pédagogiques et éducatives vigilantes qui ont maintenu les liens aussi par le téléphone et la correspondance, nous avons pu, au Collège Alain-Fournier, éviter des décrochages massifs. Pour autant, même si elles croissent chaque année, les pratiques pédagogiques et didactiques autour des outils numériques restent encore très inégales d’un-e enseignant-e à l’autre et l’on sent également pointer un discours de plus en plus critique des familles. L’évaluation, désormais obligatoire, des compétences de nos élèves par l’outil PIX va stimuler cet engagement et favorisera des pratiques plus cadrées pour nos élèves.

Mais on sait que les outils numériques sont également utilisés hors cadre scolaire. Et pas toujours pour les meilleurs effets ! L’influence de l’usage massif des réseaux sociaux sur la santé mentale, le bien-être et la réussite scolaire des jeunes adolescents pose de nombreuses questions. Le collège se doit, dans le cadre du Comité d’Education à la Santé et la Citoyenneté, de s’emparer de ces questions, et d’accompagner élèves et familles (prévention, information sur les usages et la loi…) avec l’aide de partenaires qualifiés et formés (MPCE du XIème, associations…) Au collège Alain-Fournier, le nombre d’incidents, parfois graves et faisant l’objet de plaintes, est croissant et nous incite à nous approprier plus encore ces outils.

C’est ainsi que dans l’axe 2, nous mettons en avant les actions qui tendront à former nos élèves à des pratiques favorisant l’estime d’eux-mêmes, la considération d’autrui et le respect de l’environnement. Les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité prônées par notre devise devront s’incarner chaque jour, dans l’exemple que nous donnerons à nos élèves et s’illustrer par des propositions d’actions (projets éducatifs et pédagogiques), de réflexion (atelier philo) et de travaux les mettant en jeu. Eveiller nos élèves à ce qui singularise chacun-e en rappelant en même temps ce qui les réunit tous ! Lutter contre des groupes construits par autre chose que des choix personnels d’amitié, d’affinités ou de solidarité (Club contre les discriminations) et réunir nos élèves autour de projets communs (Le journal) ! Telle est l’ambition contenue en particulier dans cet axe 2 même si elle irradie l’ensemble du projet du collège.

Cependant chacune de nos entreprises s’inscrit dans un contexte, un environnement, une ambiance. Et ce sera l’objet de l’axe 3 de ce projet : Créer un cadre serein et respectueux pour l’ensemble de la communauté éducative. 

La question de la relation à l’autre est alors centrale.

L’acte éducatif est une proposition de sens pour l’élève et pour son inscription dans la vie. L’éducation affective relationnelle passe par une connaissance de soi mais aussi par la connaissance des codes et des règles que les élèves vont s’approprier. La régulation des relations entre pairs et l’arbitrage des conflits doivent ainsirépondre à des règles simples, explicites et justement appliquées. Prévenir les conflits, en identifier les causes, les traiter en punissant ou en sanctionnant, si besoin, ou en favorisant les excuses, les réconciliations et la réparation, permettra de créer un climat sécurisant propice aux apprentissages, au sens large. Pour que ces règles soient consenties et que cet apprentissage soit efficient, il nous faut l’adhésion des familles dans le partage de ces mêmes valeurs. Si c’est le cas pour la grande majorité de nos élèves, il arrive, et cela est de plus en plus fréquent, que ça ne le soit pas. Le dialogue avec les familles, parfois difficile, s’impose mais demande alors un « art » de la diplomatie auquel nous ne sommes pas nécessairement formés. Ici, aussi, nous observons les dommages causés par des mois de pandémie qui ont pu donner lieu, ici ou là, à une défiance de l’institution, en général, et de l’école, en particulier.

Il y a donc bien un travail à mener, en interne, mais aussi avec nos partenaires du territoire pour restaurer la confiance de certaines familles dans les représentants de l’école, en explicitant mieux encore les tenants et les aboutissants de nos ambitions pour leurs enfants, en harmonisant nos pratiques pour une meilleure lisibilité et en explicitant les exigences contenues dans le cadre réglementaire de la communauté scolaire. Les parents élus auront toute leur place dans cette action. Ils l’occupent déjà et je les en remercie. Favoriser le dialogue autour des élèves et renforcer
l’identification des missions de chacun des interlocuteurs possibles de l’école doivent contribuer restaurer cette confiance.

Mais il s’agira également de prévenir les comportements dangereux par une évaluation précoce et concertée des situations. Par exemple, le protocole Harcèlement doit être connu de tous et strictement appliqué. Une attention sera également portée à nos élèves « à profils particuliers », identifiés ou non. La complexité des situations de certains élèves nécessite un regard particulièrement bienveillant eu égard à leurs déficits cognitifs, à leur profil psychologique et à leurs difficultés relationnelles. Le plus souvent abimés par des vies que nous pouvons à peine imaginer, il nous est difficile de traiter équitablement leurs écarts de conduite et les troubles de l’opposition qu’ils peuvent manifester. Pour préserver la sécurité de la communauté, il nous faudra alors activer tous les relais mis à notre disposition pour éviter les ruptures scolaires. De même il s’agira de monter en compétences sur la question de la gestion de crise.

Encore une fois, aucune procédure ou règle ne peut être appliquée sans adhésion et sans que son sens excède l’espace de son application. C ’est alors que des valeurs comme le sentiment d’appartenance, la cohésion des équipes, la reconnaissance du travail et des efforts accomplis et la convivialité jouent pleinement et utilement leurs rôles. L’axe 3 du projet de notre collège y consacre une large place. 

Notre ambition est de développer ou de restaurer (Les deux ans de pandémie ont dégradé beaucoup les relations) une qualité des relations et de réinitier des moments de mise en commun et de partage, qu’il s’agisse de travail, de détente ou de convivialité. Moments qui contribuent très clairement, à un sentiment général de satisfaction et d'épanouissement dans et par le travail, nécessaire pour étudier autant que pour enseigner.

Par un management responsable et bienveillant, incarné par des chefs d’établissement engagés, en position d’aide, de soutien et d’accompagnement des personnels, surtout en période de crise sanitaire, nous tenterons de créer des conditions de travail satisfaisantes pour toutes et tous.

Gardiens de la sécurité de la communauté scolaire, c’est en transparence et en confiance que doivent être mis en place encore des formations, des protocoles, des procédures et des manières de faire et d’être, qui rassurent et professionnalisent encore nos pratiques.

Enfin, même si la sécurité est capitale, on sait depuis Maslow que le besoin d’accomplissement ou d’estime de soi est premier. 

C’est par le sens et par l’engagement, par la croyance que ce que nous faisons chaque jour est essentiel et unique, qu’ensemble nous réussirons à maintenir et développer encore la joie d’apprendre, d’éduquer et d’enseigner.

Joelle Péhaut, Principale 

 

Projet 

Le projet d'établissement 2021-2024 est accessible ici .