͏ À chaque fin de journée, lorsque nous quittons notre salle de travail, nous demandons : “Qui a la clé ?”.
Tirée de notre quotidien et posée ici, cette question permet d'ouvrir la porte vers notre atelier.
Ce qui se montre, c’est un aperçu de notre espace de création,
comme si nous donnions à voir par le trou d’une serrure ce qui advient derrière la porte.
Nos pratiques sont hétérogènes, de la sculpture à la performance, toutes gardent une part de mystère.
De cette exposition émergent plusieurs thèmes, comme la perte, la vérité, les identités.
Ironie du sort : en concevant notre exposition, la clé de notre atelier a disparu pendant une semaine.
Amel Dahmoul travaille sur la dégradation d’images commerciales par séries d’impressions. Elles prennent ainsi un aspect fantomatique et même inquiétant.
India Coenen collecte des objets et les met en scène dans des boîtes. Elle amène le spectateur à déambuler dans ses histoires.
L’artisanat capverdien habite les productions de Tatiana Goncalves de Jesus. On y trouve des moulages de parties du corps qui, par leurs formes et leurs couleurs, dialoguent entre eux.
Le travail de Camille Perronnette interroge la perception par l’assemblage de matériaux. Elle fait interagir leur souplesse, leur résistance, leur poids et leur légèreté.
Kim Chatel explore les procédés photographiques de l'image ; celle-ci se dégrade et disparaît en ne laissant qu’une trace infime de lisibilité.
Hugo Guichard exploite des techniques artisanales (tapis, bougie, feu, alginate). En manipulant ces matériaux variés, il en propose des formes singulières.
Sasha Dufour propose des volumes qui convoquent le sens du toucher. La main modèle la matière, le geste est caressant, les formes arrondies évoquent le sensoriel.
Sarah Léon-Benbassat crée des compositions sur des supports et techniques qui brouillent la lecture. Avec leurs lignes fines et délicates, elles font apparaître des bribes d’une narration mémorielle parfois sombre.
Myrtille Royer-Guillard utilise des matériaux pauvres et crée des formes évoquant les productions de la nature. Ses volumes déployés dans l’espace entrent en résonance avec le corps du spectateur.
Vicente Rivera observe le monde qui l’environne. Il en capture des fragments pour les restituer dans ses travaux. Par des médiums variés (vidéo, impressions, installations, photographie), il donne accès au spectateur à son point de vue singulier.
Cécile Gao dessine des personnages et illustre des histoires. Dans le même temps, elle expérimente des techniques picturales qui l’amènent à perdre délibérément le contrôle sur les formes produites.
Émilie Zheng utilise divers médiums : peinture, modelage, assemblages. Ses travaux sont empreints d’une certaine douceur, mais ils recèlent aussi une énergie parfois inquiétante.
Yoko Ren travaille le plus souvent en collaboration pour raconter des histoires où sa personnalité est perceptible. Ses autofictions mettent en scène un univers parfois incongru dont le langage est insondable.
Dans la pratique d’Ashlyn Chen, le fil est tendu, tordu, tissé, noué. Ses volumes donnent à voir une couture de l’espace.
Juliette Bontu Maison découd et coud le monde à sa façon. Son travail entremêle souvenirs, cultures, émotions.
Charlotte d’Halluin se confronte à des matériaux qui lui opposent une résistance physique. Une fois mises en lumière, ses productions offrent reflets et transparence.
Les travaux de Marie Clodong Lucas de Bar sont teintés de spiritualité ; on y trouve des thèmes comme le passage de la vie à la mort et la représentation de l’âme humaine. Les formats dépassent les dimensions du spectateur, le bleu est très présent. Ses travaux invitent à une traversée qui donne le sentiment de l’infini et de l’immensité.
Dans le travail de Siliana Priou, la photographie est un médium mais aussi un outil de captation de performances. En mettant en scène le motif de l'œil, elle pose la question de qui regarde/qui est regardé, et de ce qui se joue dans cette double résonance entre soi et l’autre.
Lucien Delcourt donne à voir sa perception du monde en convoquant nos sens. Ses installations et ses performances amènent le spectateur à se déplacer physiquement mais aussi à choisir son propre point de vue.